mardi 3 mai 2016

Coup de coeur de Sylvie


Paru en 2014 chez l’Élan Vert, Le Mystérieux Monstre Poilu, a eu du succès en France mais aussi au Japon. Il est le second volet des aventures de Gaston le mouton. Gaston vit alors dans la montagne, libre, les poils dans le vent et toute la forêt prend ce personnage solitaire, anticonformiste pour un monstre terrifiant.
« Pardon, mais en une nuit, il a fait fuir tous les loups de la forêt ».
« Toute la nuit, la montagne frémit. L’effroyable nouvelle se murmure d’arbre en arbre, de buisson en terrier :
- Le monstre poilu a tué un loup ! 
- PIRE QUE TOUT : avec le loup, le monstre s’est fait un manteau !
- Un manteau en poil de loup ? »
Et pourquoi pas en peau d’âne pendant qu’on y est ! Ce loup, parti à la recherche du monstre, est trouvé inconscient et secouru par Gaston lui-même. Gaston pense sauver un chien, un gros chien tout de même ! Au réveil du loup, ils ne se reconnaissent pas l’un l’autre comme loup féroce ou le mystérieux monstre poilu. Les apparences sont trompeuses...

Les quiproquos font de cette histoire une belle surprise. Myriam Ouyessad signe un texte musical, un vrai bonheur à lire à voix haute. Quand aux illustrations d’Aurélie Blanz, elles dynamisent l’histoire par les jeux de cadrage. Le trait fin, les couleurs vaporeuses des peintures offrent douceur et perspectives. Voyage garanti à chaque double page. Et ce petit lapin caché, saurez-vous le retrouver ?

Lisez sans retenu le Mystérieux Monstre Poilu de Myriam Ouyessad et Aurélie Blanz, l’histoire de Gaston. Poil de mouton !

Coup de coeur de Anne-Laure


Un petit garçon avec une lampe torche? Et oui ! Il s'agit bien du personnage de la bande dessinée Aristide broie du noir écrite par Séverine Gauthier et illustrée par Jérémie Almanza.

Elle raconte l'histoire d'Aristide. Ce garçon de 10 ans, solitaire et intelligent, quelque peu névrosé, n'a pas d'amis et n'est pas apprécié de sa maîtresse. La cause de ce comportement est influencée par ses nuits et la peur qu'elles lui procurent ! Il ne dort plus depuis longtemps. Tous les soirs, il se bat contre des ombres et des monstres qui hantent ses nuits !
« Des tentacules gluants, des revenants baveux, ombres dégoulinantes et pantins monstrueux.»
Pour Aristide, c'est un réel défilé ! Cette situation n'est plus supportable, comment faire pour leur échapper ? Une machine infernale à « broyer du noir » est peut-être la solution !? Notre génie y travaillera jour et nuit jusqu'au grand soir où il sortira cette machine pour détruire ses monstres qui le hantent tant.
Il part alors à la rencontre des ombres : « Il les traque sans répit, il les mâche, il les broie […] en fait de la bouillie. » Les ombres courent et tentent de lui échapper, la situation s'inverse, Aristide se transforme, il devient monstrueux !

Séverine Gauthier et Jérémie Almanza forment un harmonieux duo et nous offrent une merveilleuse bande dessinée déjouant les codes traditionnels. Ce qui accentue la particularité de cet ouvrage empli de poésie tant par l'écriture de Séverine Gauthier qui nous propose un texte en alexandrin - s'il vous plaît ! - que par les illustrations de Jérémie Almanza. Ce dessinateur de talent joue sur les couleurs et les plans qui apportent une force à cet album plein de douceur, de mélancolie et d'étrangeté. 

À découvrir à partir de 8 ans !

Coup de coeur de Régis


Oh ! mais ce n’est pas un monstre de plus qui monte sur le podium, mais une sacrée bande composée d’un ogre, d’une diablesse, d’un fantôme, d’un yéti, d’une sorcière, d’un géant, d’un vampire et même le fameux Barbe-Bleue ! On ne peut pas dire qu’ils aient l’air bien portants ! Non, a priori ils sont tous malades.

Car oui, les monstres peuvent être malades ! C’est ce que nous raconte Emmanuelle Houdart, une auteur-illustratrice qui nous emporte avec l’album Monstres malades dans son univers décalé, étrangement coloré, aux couleurs vives et inquiétantes. Ici, les monstres affrontent de nombreuses pathologies. Le squelette a le ver solitaire, le croque-mitaine a la migraine, la diablesse a des angoisses, l’ogre a une indigestion et le vampire une rage de dents. L’auteur nous décline chacun de ces monstres sur une planche entière en situation de maladie, d’un style inimitable, fantasmagorique, irréel, déroutant et dans le même temps plein d’humour. Elle développe à côté de ces planches un petit commentaire très drôle et d’une grande finesse pour expliquer la maladie, ses symptômes et un éventuel traitement.

À recommander aux enfants dès 5 ans, sans limite d’âge, des hypocondriaques compulsifs aux plus biens portants !

Coup de coeur de Karine



Laissez moi d’abord vous faire une petite description de ce fameux monstre poilu : ce qui frappe c’est sa laideur, son étrangeté : son nez ressemble à une immense carotte, de ses oreilles partent deux bras immenses qui lui permettent d’attraper ses proies (exclusivement des souris). Il est recouvert de poils,  mais ce qui frappe, c’est sa tête énorme, directement posée sur ses petits pieds ridicules qui l’empêchent de courir et de quitter sa sombre caverne perdue dans la forêt.
Bien sûr, il voudrait bien manger des gens, et tous les jours, il dit :
« Le premier qui passe, je le mange! »
Jusqu’au jour, ou justement, un roi se perd dans la forêt et se fait attraper. S’ensuit alors un marché  ou le roi bien malgré lui, devra ramener sa propre fille Lucile.

Ce conte écrit par Henriette Bichonnier et illustré par Pierre Elie Ferrier, dit Pef est devenu un classique de la littérature jeunesse depuis sa parution en 1982 par Gallimard dans la collection Folio Benjamin.

L’humour présent tout au long du texte avec ces jeux de mots potaches rend le texte hilarant. Les illustrations de Pef nous font rire dès la première page avec l’aspect ridicule du monstre, le roi lui même n’est pas très crédible sur son cheval recouvert d’une couverture jaune à pois bleus, et la petite Lucile, princesse insolente tirant sur les poils du monstre est craquante! Le tout avec ces couleurs vives, voire pétantes accentue la drôlerie des personnages. C’est une version plus moderne de « La belle et la bête » et les enfants ne s’en lassent pas !

À dévorer dès l’âge de 6 ans ! Poils aux dents !

Coup de coeur de Sandra


« Un soir, Max enfila son costume de loup. Il fit une bêtise, et puis une autre…et puis une autre… Monstre lui dit sa mère. Je vais te manger répondit Max et il se retrouva au lit sans rien avoir mangé du tout ».

Cette histoire vous rappelle-t-elle quelque chose ?
Max et les maximonstres, écrit et illustré par Maurice Sendak, a marqué l’histoire de la littérature jeunesse. C’est le premier album à avoir abordé le thème de la colère chez l’enfant. A sa sortie, en 1967, l’album avait été jugé transgressif. Le texte posait problème parce qu’il remettait en question l’autorité parentale en montrant une mère dépassée par son enfant.

Dans cet album, Maurice Sendak construit son récit comme un crescendo-descrescendo. La colère de Max le transforme en roi des monstres. Puis la rage s’en allant il redevient le petit garçon qu’il était.
La mise en page accompagne cette transformation. La place de l'image grignote peu à peu la page. Au maximum de la fête, le texte a disparu. La monstrueuse troupe s'inscrit alors dans trois doubles pages muettes. Une fois exprimée, la rage peut retomber. Quand Max quitte son île imaginaire pour regagner sa chambre, le texte reprend page après page la place qu'il tenait au début de l'album. L'image redevient plus sage et retrouve son cadre de départ, laissant les mots soigner la colère.

L’histoire de Max et les maximonstres possède une puissance symbolique, une force cathartique et une esthétique qui parle profondément à chaque enfant et en fait un album intemporel et universel.
Un album à découvrir ou à redécouvrir !

Max et les maximonstres, écrit et illustré par Maurice Sendak aux éditions L’école des loisirs.

Coup de coeur de Sophie


Le Yark est un monstre qui dévore les enfants mais attention pas n’importe lesquels ! Il ne se nourrit que de gentils enfants sages (les méchants et dissipés lui causent de graves maux d’estomac ou des éruptions cutanées). Mais de nos jours, c’est une denrée rare les enfants comestibles. Une petite visite au Père Noël pour récupérer la liste des enfants méritant un cadeau, quelques tentatives de "dévorages" de charmants bambins et une rencontre : Madeleine, qui va lui faire découvrir de nouvelles choses et notamment l’attachement et l’affection.

Un récit irrévérencieux et bourré d’humour dont l’écriture poétique fait passer du rire au frisson. Il est magnifiquement illustré par les dessins fouillés et précis de Laurent Gapaillard dans un style proche des gravures de Gustave Doré qui participe à l’ambiance à la fois sombre et drôle de ce livre.

Depuis sa sortie en 2011, il a fait l’objet d’une adaptation en pièce de théâtre et un projet de long-métrage est en cours.

Le Yark de Bertrand Santini, illustré par Laurent Gapaillard
Collections Lecteurs en herbe. Éditions Grasset Jeunesse
Octobre 2011
À partir de 8 ans